Pas Supérieur de la Melette - Cirque des Walkyries
"Tout vient à point à qui peult attendre"
Nous décidons aujourd'hui de faire nôtre, cette citation de François Rabelais (version originale). Alors, qu'est ce qui vient à point et pourquoi avoir attendu ?.
Notre objectif est d'essayer de passer, au fond du majestueux Cirque des Walkyries, par le redouté Pas Supérieur de la Melette sur lequel nous avions en 2016 essuyé un cuisant échec (voir lien Cirque des Walkyries). En effet, le mur fermant ce Cirque nous était alors apparu, ainsi qu'à beaucoup d'autres, comme ne pouvant être franchit que par des grimpeurs ayant de bonnes connaissances en escalade. Ceci, avouons le nous avait laissé dans un état situé entre frustration et dépit.
Le temps passant, nous avions définitivement admis le fait que nous ne passerions jamais par ce Pas, jusqu'à ce que nous rencontrions lors d'une autre sortie, un couple de randonneurs nous informant que des aménagements avaient été réalisés (voir lien Tête de la Melette - Titou Ninou - Fontaine de Voire). Inutile de vous dire que cette information a immédiatement ravivé notre intérêt pour cet objectif.
Le départ se fait vers 10h 30 à partir du parking des Baumettes avec une météo parfaite, grand beau temps, soleil éclatant, très peu de vent, température un peu fraiche au début (environ 5°C) puis nettement plus agréable par la suite.
Après l'entrée du Parc, nous traversons la pinède sur laquelle se trouve le monument à la mémoire de résistants assassinés en 1944 (Photo 1) et empruntons le Sentier # 5 rouge, en direction du Col des Baumettes, où il croise le GR 51-98 (jumelé avec le Sentier #1 bleu), sur lequel nous nous engageons.
A ce niveau le GR est plutôt "tranquille", peut être un peu trop, mais il fait néanmoins le bonheur des familles qui ont ainsi la possibilité de faire connaitre à leurs enfants, même en bas âge, les beautés de notre région. Nous sommes aujourd'hui en hiver, mais cela n'empêche pas la garrigue de se couvrir de milliers d'arbustes et buissons en fleurs (Photo 2). Admirons par ailleurs cette splendide vue plongeante sur la calanque de Sormiou (Photo 3) ou sur cet élégant pin en bordure du chemin (Photo 4).
A environ 600 m après le Col des Baumettes, nous atteignons le Col de Sormiou (141 m), avec à notre gauche, la petite route, descendant en zigzaguant jusqu'à la calanque du même nom, uniquement ouverte à la circulation automobile en dehors de la période estivale, à cause des incendies.
Nous traversons cette route et retrouvons les GR 51-98 - Sentier #1 bleu, maintenant associés au Sentier #2 noir (Photo 5) .
Après une montée un peu raide nous arrivons au Col de Cortiou (244 m) surplombant la calanque éponyme. Cette calanque n'est pas facilement accessible, mais cela n'a pas vraiment d'importance, car personne n'a réellement envie d'aller s'y baigner (*).
(*) La Calanque de Cortiou a une bien mauvaise réputation car c'est là que se jette le grand émissaire, installé en 1896, collectant les égouts de plusieurs villes: Plan de Cuques, Aubagne, Roquevaire, Allauch, Septèmes les Vallons, les Pennes-Mirabeau, la Penne sur Huveaune et Marseille. Divisé en deux, ce gros tuyau, long de 6 km déverse, d'une part, les eaux usées et traitées de la station d'épuration, installée depuis 1987 sous le stade Vélodrome et d'autre part, les eaux non traitées du fleuve Huveaune et de son affluent le Jarret dont l'écoulement a été détourné.
Ce col de Cortiou est un carrefour important avec d'une part, à droite, le Sentier #1 bleu, permettant de se diriger vers le Plateau de l'Homme Mort, le haut du Cirque de Coulon et du Cirque des Walkyries et d'autre part, à gauche le GR 51-98, associé au Sentier #5 vert, que nous prenons et qui parcourt le littoral au plus près des Calanques.
Peu après le col de Cortiou, nous laissons à gauche le Sentier #5 vert qui plonge vers le bord de mer en direction de la Calanque de l'Escu.
D'ici, un sympathique panorama surgit, avec une belle vue des îles de Jarre, Jarron (*) et Riou (Photos 6 et 7) qui se découpent sur le bleu intense de la mer.
(*) Les Îles de Jarre et de Jarron doivent leur nom du fait d'avoir longtemps été utilisées pour la production de sel, obtenu par évaporation de l'eau de mer réservée dans des jarres.
Nous poursuivons sur le GR et apercevons en contrebas le petit Îlot de la Mélette (Photo 8) situé à la sortie de l'Anse du même nom, entre les calanques de Cortiou et de l'Escu.
C'est à peu près à ce niveau que se trouve le départ du sentier en direction du Cirque des Walkyries et sur les Photos 9 et 10 nous commençons, d'ailleurs à voir se dessiner sur notre droite le vallon y conduisant. Sur la Photo 9 nous vous présentons une splendide vue de la Tête de la Melette et de son Aiguille, se détachant finement sur le bleu immaculé du ciel.
Nous voila maintenant à la croisée des chemins entre le GR et le Sentier #3 marron montant vers le Pas Supérieur de la Melette et si nous avions encore un doute sur le fait que sa traversée doit être délicate, l'inscription sur la pierre, indiquant la direction à suivre se charge de nous le rappeler (Photo 11).
Par ailleurs, voici ce qui est écrit "in extenso" sur le Site naturamarseille.com: "Le Pas Supérieur de la Mélette est un passage très délicat permettant de relier le bas du Cirque des Walkyries au Plateau de l'Homme Mort et qui nécessite équipement et technique d'escalade : il était autrefois équipé d'une main courante mais celle-ci a disparu, ce qui rend ce passage particulièrement dangereux."
Conservant ses recommandations en tête, nous nous engageons sur la piste qui grimpe de manière soutenue au travers d'un pierrier de bonne qualité (Photos 12 et 13), avec l'espoir de trouver, en bout de course, les "aménagements" signalés par nos collègues randonneurs. Très belles vue panoramiques sur le Cap Morgiou, le Bec de l'Aigle, le Cap Sicié au loin, dans la brume, (Photo 14), et une partie du Cirque des Walkyries (Photos 15 et 16).
Le sentier bute maintenant sur la principale difficulté du parcours (Photo 17) : une cheminée de 3-4m de hauteur sans prise évidente, tout au moins pour les non spécialistes que nous sommes mais fort heureusement, le franchissement du passage est désormais envisageable grâce à une corde opportunément installée à cet effet, servant de main courante.
Après quelques hésitations, nous nous lançons à l'assaut de ce Pas et en utilisant cette corde nous pouvons maintenant utiliser les quelques prises disponibles et passons finalement sans trop de difficultés.
Merci donc à ceux qui ont installé cette aide précieuse et également à ceux qui nous en ont signalé la présence.
Juste au dessus, nous arrivons à un palier et un nouveau pas un peu délicat se dessine dans la montée, non équipé cette fois, mais avec de meilleures prises (Photos 18, 19 et 20). Fort judicieusement, Philippe avait prévu de venir avec un bout de son bateau (non ! pas un morceau de bateau, mais un bout.....en fait ,une sorte de grosse ficèle, qu'on utilise en navigation). Ce bout s'est avéré fort utile au demeurant, à la fois pour nous fournir une certaine assurance et surtout pour hisser nos sacs à dos, nous permettant ainsi de nous déplacer plus facilement. On notera à ce trait combien il est difficile de nous prendre au dépourvu.
Nous poursuivons l'ascension, ensuite plus facile, pour sortir de ce Pas, toujours en suivant le balisage marron. Nous décidons de nous accorder quelques minutes de repos et en profiter pour se restaurer, et là dans un décor absolument grandiose (Photos 21 et 22) nous nous surprenons à répéter, sans doute pour la centième fois: Que c'est beau !
En définitive, nous sommes particulièrement satisfaits et heureux d'avoir enfin réalisé cet objectif qui nous tenait à cœur depuis plusieurs années. Signalons quand même que ce Pas reste délicat à franchir, que de notre point de vue il est préférable de procéder à son ascension plutôt qu'à sa descente et qu'il est déconseillé aux enfants non accompagnés et aux personnes sujettes au vertige.
Après cette pause, nous continuons notre ascension sur le Sentier #3 marron, jusqu'à atteindre le plateau où nous croisons le Sentier #4 vert que nous prenons à droite, nous donnant l'occasion d'avoir une dernière vue plongeante sur le Cirque des Walkyries (Photo 23).
Nous débouchons une centaine de mètres plus loin sur un carrefour marqué par un cairn (Photo 24) avec, en face, la continuation du tracé vert descendant vers la Fontaine de Voire et à droite le Sentier #1 bleu menant au cairn majestueux de la Tête de l'Homme (Photo 25) qui marque l’extrémité Est du Plateau de l'Homme Mort (396m) (Photo 26).
A partir de là débute une descente d'environ 150 m de dénivelé jusqu’au col de Cortiou par plusieurs passages rocheux qui, s'ils ne présentent pas de difficulté technique notable, sont relativement raides et demandent une attention particulière pour éviter une entorse de genou ou de cheville.
Du Col de Cortiou nous reprenons le GR pour descendre au Col de Sormiou. Nous traversons le route et avons évidemment la possibilité de continuer tranquillement sur le GR, comme à l'aller, ou bien prendre, sur la gauche le Sentier #2 noir plus sauvage. C'est cette 2ème option que nous choisissons. Ce sentier, de notre point de vue, beaucoup plus agréable que le GR nous conduit par le col de Lun et le Plan de Miette, jusqu'au parking des Baumettes.
En conclusion, nous sommes très satisfaits de notre randonnée, ravis d'avoir réalisé l'objectif que nous nous étions fixé et sommes, si cela est possible, encore plus fan de nos calanques. Nous ne sommes pas les seuls, pour preuve ce commentaire de Sylain Tesson à propos des calanques (L'énergie vagabonde ed R. Laffont) : "A nouveau quelques jours dans les calanques. Je connais l'endroit par cœur, chaque grotte, chaque sentier, chaque buisson. De là cette question: aime-t-on davantage ce que l'on connaît à fond ? J'ai bien peur que oui."