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2018-4-5 Les falaises d'Eissadon et de Devenson

Fiche technique

Technique

Longueur 

Comme vous l'avez peut être remarqué, nous sommes "légèrement" accros à des randonnées dans nos chères calanques marseillaises. Plusieurs fois nous avons tenté de nous en éloigner, mais chaque fois nous arrivons à la conclusion que rien ne peut les égaler.

La randonnée que nous vous proposons aujourd'hui est donc, certes, dans les calanques, mais nous allons essayer de vous la présenter sous un jour nouveau. En fait, lors d'une randonnée, que se soit dans les calanques ou ailleurs, l'impression que l'on a du paysage dépend de plusieurs éléments, du paysage lui même évidemment, mais pas uniquement. La période de l'année est aussi un facteur important puisque la luminosité est différente selon la saison et Philippe, photographe émérite et "légèrement" perfectionniste, est très sensible à ce paramètre. L'endroit que l'on choisi pour observer le paysage joue également. Par exemple, lors de notre dernière randonnée, nous vous présentions la calanque d'En Vau, à partir d'un belvédère haut perché et les images que nous en avons gardées sont complètement différentes de celles que l'on avait jusque là. Enfin, le sens de la marche influence notre perception du paysage. Nous marchons, évidemment en regardant bien devant nous, ce qui est fortement recommandé lorsqu'on évolue dans un environnement, sinon hostile, du moins où il est important de faire attention avant de poser ses pieds. Rarement (et sans doute a-t-on tort) on se retourne pour voir le paysage derrière nous.
Cela pour vous dire que la randonnée d'aujourd'hui concerne les magnifiques falaises d'Eissadon et du Devenson, mais dans le "sens contraire" de celui que nous avons l'habitude de suivre généralement et les images que nous en avons retenues sont différentes.

Pour ceux, comme votre serviteur, qui sont intéressés par l'origine du nom des lieux que nous visitons, je propose d'insérer des encarts proposant, si possible, quelques explications (*).

Le départ se fait à 10h15 du Col de la Gardiole*. Il fait, comme souvent par chez nous, un temps splendide avec un ciel bleu et une température aux alentours de 12°C. 

* "La Gardiole" l'origine de ce nom vient du provençal "Gardiolo", mot qui désigne une borne de délimitation entre 2 communes (En l'occurrence entre Marseille et Cassis).

Nous prenons donc, depuis le col de la Gardiole, le Chemin # 7 rouge qui au départ est une piste goudronnée, pas très conviviale, mais néanmoins importante car dédiée aux véhicules de sécurité incendie. Par chance, nous avons la possibilité d'abandonner (au moins pour un moment) cette piste pour emprunter un sentier parallèle plus agréable, le Sentier # 7 vert (Photo 1).

1 - Le Sentier # 7 vert du départ

Nous sommes début avril et le printemps a favorisé le fleurissement, au bord de ce chemin, de nombreuses variétés de plantes et de fleurs dans la garrigue. Des romarins évidemment avec leurs fleurs en épi variant du bleu pâle au violet et qui font la joie de milliers d'abeilles (Photo 2). On y trouve également de belles euphorbes (Photo 3). Malheureusement ce sentier se termine assez rapidement et nous sommes obligés de récupérer le Chemin # 7 rouge que nous descendons vers le Vallon d'En Vau*.

* En Vau signifie en provençal "En Val" ou Le Vallon et donc le Vallon d'En Vau veut par conséquent dire Le Vallon du Vallon ce qui évidemment, dans ce cas, est un peu redondant.

2 - Romarins en fleurs

3 - Euphorbes

Nous descendons sur environ 2 km ce sentier et arrivés au niveau du Vallon des Rampes, nous l'abandonnons pour bifurquer à droite sur le Sentier # 5 marron qui grimpe vers le Col de l'Oule. Nous attaquons cette montée que nous savions rude, surtout après le sentier "tranquille" du début et c'est de pied ferme que nous l'abordons. Ce sentier en lacets est bien balisé et aménagé de façon correcte avec parfois des marches fort appréciées, taillées dans le roc même ou construites avec des roches environnantes (Photo 4). Lui aussi est bordé de plantes et de fleurs ayant naturellement détecté l'arrivée du printemps (Photos 5 et 6).

4 - Sentier montant dans le Vallon des Rampes

5 - La nature se reveile

6 - Fleurs de printemps au bord du chemin

Au Col de l'Oule nous redescendons par le Sentier # 8 vert dans le vallon du même nom (Photo 7). Le chemin passe à proximité du puits de l'Oule, bien sécurisé par une grille, fixée à sa margelle de pierre, et au travers de laquelle on peut apercevoir l'eau en contrebas.

7 - Descente dans le Vallon de l'Oule

C'est enfin, sur environ 1 km l'ascension vers le Col de l'Eissadon*.

* Eissadon vient du provençal "Eissadoun" qui signifie piochon ou pic.

 

De ce col, le spectacle qui s'offre à nous est grandiose. On peut y voir en premier lieu l'Aiguille de l'Eissadon, un beau rocher s'élevant à 70 mètres de hauteur avec au sommet son pin penché emblématique (Photo 8). Une autre caractéristique est qu'elle présente à sa base un chenal (que l'on verra sur la photo 9), au travers duquel des kayaks ou des nageurs peuvent aisément passer. Cette Aiguille est bien connue pour avoir été photographiée par Gaston Rébuffat et désormais, excusez du peu, par mon ami Philippe.

8 - Aiguille de l'Eissadon avec son "Pin penché" au sommet

Sur la droite de l'Aiguille se trouve le fameux Pilier Ouest de l’Eissadon avec ses célèbres fenêtres (Photo 9) au travers desquelles on a une superbe vue sur la Méditerranée et sur l'archipel de Riou avec notamment l'île des "Impériaux" (Photo 10). Ce Pilier est une grande classique d'escalade dans la partie la plus sauvage et la plus spectaculaire des Calanques, avec de larges plaques de calcaire d'une verticalité impressionnante, fort appréciées des férus d'escalade (Photo 11) (Hum! il faut de tout pour faire un monde).

Dans quelques minutes nous aurons l'occasion nous aussi, non pas de l'escalader mais de la voir de plus près puisque le Sentier # 8 vert que nous sommes obligés d'emprunter passe par là.

9 - Pilier Ouest de l'Eissadon avec ses fenêtres

10 - Les Impériaux vus à travers une des fenêtres

11 - Paroi d'escalade dans le Pilier Ouest

Avant cela, nous nous accordons quelques minutes de repos et nous dirigeons à gauche vers un sentier en cul de sac qui conduit à un promontoire rocheux dominant la Calanque de l'Oule avec une vue sur le Plateau et la Brèche de Castel Vieil ainsi que sur les environs du Belvédère d'En Vau (Photo 12).

12 - Vue sur la Calanque de l'Oule et le Plateau de Castel Vieil

Bon, il faut bien se décider à continuer notre randonnée et c'est là que me revient le souvenir d'une réplique d'un de mes amis américains, John, un peu cow boy de son état (état, étant pris dans le sens profession) et qui se plaisait à dire en mimant un autre John (Wayne) avec son Stetson bien calé sur sa tête: "It's hard, but sometimes a man HAS to do what a man HAS to do" (C'est dur! mais parfois un homme doit faire ce qu'un homme doit faire). Imparable comme devise !.

Donc, nous décidons de repartir et nous gravissons le sentier se dirigeant vers la crête, en suivant le bord de la falaise, ce qui offre une vue toujours extraordinaire (Photo 13). Nous sommes maintenant au début des Falaises de Devenson* et c'est là que nous nous accordons une autre pause pour casser la croûte et admirer le paysage (Photos 14 et 15).

  * Devenson vient du provençal "Devensoun" qui signifie petit bois communal en "défens" (interdiction faite au propriétaire d'un bois d'y pratiquer des coupes)

13 - Montée sur le Pilier Ouest vers le sommet des Falaises

14 - Coin casse croûte en haut des falaises

 Asphodèle Ramifié

 Pistachier Lentisque

15 - Coin casse croûte en haut des falaises

16 - Tour Save 

Les falaises de Devenson, également haut lieu d'escalade, sont d'une verticalité et d'une hauteur impressionnantes même pour les plus entraînés.

 

Elles sont protégées à l'Est par la Tour Save* (Photo 16) et se poursuivent sur 2 km avec parfois plus de 300 m de hauteur.

Pour nous, randonneurs, parcourir la crête de ces falaises constitue incontestablement un des plus magnifiques itinéraires des Calanques.

* Tour Save: Baptisée tout d'abord "Grande Tour du Devenson", elle fut ensuite renommée "Tour Save" en l'honneur du baron Jean Save de Beaurecueil  qui a ouvert la première voie dans cette Tour le 17 octobre 1937.

Dès le début nous surplombons la Calanque de Devenson qui est, avec celle de l’Oule, l’une des calanques les plus mystérieuses puisqu'il est pratiquement impossible d’y accéder à pied sinon par escalade.

Dans cette calanque se trouve le petit îlot du dromadaire (Photo 17). Il faut bien avouer que de là où nous sommes nous ne voyons pas trop sa bosse (nous la devinons quand même), mais vous savez certainement que: "Le dromadaire ne voit pas sa propre bosse, il voit la bosse de son frère" (Proverbe arabe).

17 - Ilot du dromadaire 

Un dernier effort nous amène à l'endroit des falaises du Devenson surplombant une voie mythique le "Baou Rouge", où nous croisons 2 alpinistes s'apprêtant à l'affronter (Photo 18). Nous aurons d'ailleurs l'occasion de les observer un peu plus tard.

18 - Sentinelle "figée" au dessus du Baou Rouge 

Nous avançons sur un "faux plat" (doux euphémisme parce qu'ici la notion de plat est un concept qui n'existe pas vraiment) et passons devant la Croix scoute érigée en la mémoire de la chute mortelle du Scout-mestre, Pierre de Gasquet, le 19 octobre 1929 (Photo 19).

 Cistes Cotonneux

19 - Croix scoute à la mémoire de Pierre de Gasquet 

Nous arrivons maintenant à un lieu plein de charmes: un "agachon"* en pierres sèches bien à l'abri sous un grand pin avec comme toile de fond "La Grande Candelle" (Photo 20). Certains, en particulier les défenseurs de la cause animale, vont sans doute trouver cela de mauvais goût car un agachon est un poste de chasse à l'affût. Fort heureusement c'est aussi un lieu d'observation, donc plus inoffensif.

 *Agachon est un terme provençal (agácho en occitan), signifiant littéralement aguet. Il vient du latin gachare : faire le guet.

Afin de rehausser la beauté des lieux et certainement pour nous être agréable, la nature a prévu l'éclosion de quantité de fleurs, des romarins bien sûr, mais aussi des "Messugues" (Nom provençal des Cistes cotonneux) (Photo 21), ces arbrisseaux emblématiques de notre garrigue. J'adore !

20 - Agachon 

21 - Cistes cotoneux 

Nous nous attardons un moment au dessus du Cap Devenson. De là nous avons une magnifique vue panoramique de l'ensemble des falaises (Photo 22) avec notamment la fameuse voie du Baou Rouge, à gauche de la Tour Save, le Plateau de Castel Vieil sur la droite et au fond, le Cap Canaille et les falaises Soubeyrannes et enfin le Bec de l'Aigle.

22 - Vue panoramique des falaises du Devenson,  

Nous pouvons aussi observer avec étonnement et admiration les alpinistes dont nous parlions précédemment (Photo 23), ainsi que d'autres qui nous paraissent plus téméraires les uns que les autres. Il faut cependant reconnaître humblement que notre inexpérience en termes d'escalade ne nous permet pas d'évaluer réellement les difficultés qu'ils peuvent rencontrer. Impressionnant quand même !

23 - Alpinistes dans le "Baou Rouge 

Pour notre retour, nous empruntons le GR 51 - 98 qui croise, à l'endroit où nous sommes, le Sentier # 8 vert. Ce GR descend en premier lieu dans le Vallon des Charbonniers, ce qui rappelle qu'il y a eu jadis à cet endroit un bois, entretenu pour produire du charbon de bois et qui, malheureusement, n'existe plus. Nous poursuivons ensuite vers le Vallon des Chaudronniers.

Nous repassons devant le Puits de l'Oule puis par le Col du même nom et retrouvons le Chemin # 7 rouge que nous prenons sur la gauche.

 

Le retour, par le même itinéraire qu'à l'aller, aurait pu être tranquille, oui mais c'est sans compter sur quelques" idées fumeuses" qui parfois s'imposent à nous lors de nos randonnées.

C'est le cas aujourd'hui et à environ 500m de la Maison Forestière de la Gardiole, nous décidons (d'un commun accord) de nous engager sur le Sentier 5a marron qui, paraît-il, devait nous conduire jusqu'au parking sans "trop" rallonger le parcours. Nous trouvons dans cette décision des aspects positifs et d'autres qui le sont moins. Les aspects positifs portent sur le fait que nous ne connaissons pas ce sentier et que c'est toujours un plaisir de découvrir de nouveaux itinéraires. Par ailleurs, le paysage est plus sauvage et donc plus intéressant que celui que nous observons depuis le Chemin # 7 rouge. Les aspects moins positifs maintenant: Ce sentier est beaucoup plus raide et donc plus difficile à monter (surtout en fin de randonnée) et il est aussi plus long.

De toutes façons, nous n'allions pas faire demi tour et puis il faut toujours garder en tête le proverbe suivant : "Quand tu as envie d’abandonner, pense à ce qui t’a fait commencer".

Nous atteignons notre parking vers 16h15. Le seul "point noir" de la randonnée, c'est qu'il n'y a pas de bistrot à la fin du parcours pour se payer une bonne bière.

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